Arta, 25 ans après , l’héritage d’une audace diplomatique

 C’était un pari fou, presque insensé. Un pari que seul un homme doté d’une vision ferme et d’une foi inébranlable en le dialogue aurait pu relever. Le 7 janvier 2000, Ismail Omar Guelleh, à peine installé à la présidence de Djibouti, convoquait à Arta une conférence qui allait redéfinir les contours de la diplomatie dans la Corne de l’Afrique.


À l’époque, la Somalie n’était plus qu’un champ de ruines. Neuf années de guerre civile avaient réduit le pays à un amas de divisions claniques, de villes fantômes et de larmes silencieuses. Les grandes capitales, de Washington à Addis-Abeba, regardaient ailleurs, comme si l’effondrement de cet État n’était qu’une fatalité africaine de plus. Mais, à Arta, l’Histoire refusait de baisser les bras.

La petite ville, nichée dans les montagnes djiboutiennes, a été choisie pour incarner le calme, loin des intrigues et des pressions. Et Arta a tenu son rôle : une oasis de paix où plus de 2 000 participants, venus des quatre coins de la Somalie, allaient tenter l’impossible.


Le président Guelleh annonce la conférence de réconciliation lors de l’A.G des Nations Unie

Contrairement aux tentatives précédentes de médiation, qui s’étaient perdues dans les sables mouvants des seigneurs de guerre, Arta a misé sur une approche radicalement différente. Ismail Omar Guelleh a ouvert les portes à toutes les composantes de la société somalienne : chefs de clans, leaders religieux, représentants de la diaspora, organisations de femmes, et même ceux que l’on disait irréconciliables.  Ainsi, la méthode Guelleh qui a fait la différence se posait sur deux axes : inclusion et dialogue

Pendant cinq mois, dans une ambiance parfois tendue mais toujours empreinte de respect, des voix longtemps étouffées se sont exprimées. Le résultat ? La création d’un Gouvernement national de transition (GNT), premier organe central somalien depuis 1991. Certes, l’accord d’Arta n’a pas réglé tous les problèmes. Mais il a fait naître un espoir, celui d’un retour possible à la paix et à l’unité. Et cela, pour la Somalie comme pour Djibouti, n’a pas de prix.



Au-delà des frontières somaliennes, Arta a renforcé la stature de Djibouti en tant que médiateur incontournable dans une région en constante ébullition. Ismail Omar Guelleh n’a pas seulement offert une table de négociation, il a montré au monde que la paix africaine doit être pensée et construite par des Africains eux-mêmes. Arta, c’est aussi l’histoire d’un petit pays qui, malgré ses ressources limitées, a su jouer un rôle démesuré sur l’échiquier diplomatique. Un pays qui, avec son président, a osé croire que le dialogue, même dans les circonstances les plus désespérées, pouvait faire taire les armes.


Conférence de réconciliation somalienne d’Arta 

Vingt-cinq ans plus tard, que reste-t-il d’Arta ? Beaucoup, et c’est peu de le dire. L’esprit d’inclusion et de dialogue qui a animé cette conférence continue d’inspirer. Si la Somalie reste en proie à des défis complexes, les fondations posées à Arta ont servi de tremplin pour de nombreuses avancées.

Dans cette optique , ce 25e anniversaire est l’occasion de rendre hommage non seulement à une initiative, mais aussi à une philosophie : celle d’un panafricanisme pragmatique, où la solidarité régionale est mise au service de la paix.



Enfin, la conférence de réconciliation d’Arta, c’est une leçon pour tous. Une leçon d’audace, de patience et de foi en l’humanité. À une époque où les conflits prolifèrent, où le dialogue semble parfois céder le pas aux logiques d’affrontement, l’héritage d’Arta nous rappelle que rien n’est jamais perdu. Pour la Corne de l’Afrique, cette petite ville reste un phare, un symbole de ce que le courage diplomatique peut accomplir. Pour Djibouti et son président Ismail Omar Guelleh, c’est un chapitre lumineux d’un livre que l’histoire continue d’écrire.


Et pour nous, 25 ans après, c’est une invitation à ne jamais renoncer à croire en la paix, même lorsque tout semble perdu. L’esprit d’Arta, aujourd’hui encore, éclaire l’avenir.

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