Djibouti accueille Emmanuel Macron pour une consolidation des relations diplomatiques
L’arrivée demain d’Emmanuel Macron à Djibouti marque une étape cruciale dans les relations entre la France et la Corne de l’Afrique. Ce déplacement, entre symbolisme et pragmatisme, met en lumière l’enjeu stratégique que représente Djibouti dans une région sous tension, mais également les défis de réinvention auxquels Paris est confronté sur le continent africain.
Djibouti, petite nation au carrefour de l’Afrique, du Moyen-Orient et de l’Asie, joue depuis des décennies un rôle disproportionné par rapport à sa taille. Sa position au cœur des routes commerciales mondiales en fait un point d’ancrage incontournable pour toute puissance désireuse d’avoir un levier d’action sur cette région. Pour la France, Djibouti reste l’un des rares bastions où sa présence militaire, économique et diplomatique demeure incontestée, à l’heure où ses relations avec d’autres pays africains vacillent.
En effet, la visite d’Emmanuel Macron à Djibouti débute par un hommage appuyé aux 1 500 militaires stationnés dans le pays. Ce rituel, mêlant convivialité et solennité, souligne l’importance stratégique de cette base militaire, à un moment où la France réorganise ses priorités en Afrique. Alors que Paris réduit sa présence militaire au Sahel après des déconvenues récentes, Djibouti se distingue comme le symbole d’une relation bilatérale stable et mutuellement avantageuse.
La base française de Djibouti, qui accueille le plus grand contingent militaire tricolore à l’étranger, reste la seule à échapper à la réduction générale de la présence française sur le continent. Ce choix reflète, selon l’Élysée, « l’excellence de la relation entre nos deux pays et la convergence de nos intérêts stratégiques ». Située face au Yémen, à la sortie de la mer Rouge, Djibouti contrôle le détroit de Bab-el-Mandeb, passage clé pour le commerce mondial entre l’Asie et l’Occident. En échange de ce partenariat, la France assure la police du ciel djiboutien, tandis que le renouvellement du loyer de la base a fait l’objet d’intenses négociations.
Cependant, au-delà des symboles et des honneurs militaires, les discussions avec le président Ismaïl Omar Guelleh seront le véritable temps fort de cette visite. À la tête de Djibouti depuis plus de deux décennies, le chef de l’État est une figure clé de la politique régionale, maîtrisant l’art de jongler avec les attentes des grandes puissances. Sous sa direction, Djibouti a su exploiter sa position géographique exceptionnelle pour attirer des investissements et accueillir des bases militaires étrangères, qu’il s’agisse de celles de la Chine, des États-Unis ou du Japon.
Pour rester un partenaire pertinent dans cet échiquier international, la France devra convaincre qu’elle offre plus qu’un héritage historique ou une coopération défensive : elle doit démontrer qu’elle s’inscrit dans une vision commune tournée vers le futur.
Parler de sécurité régionale, des conflits en Somalie ou au Soudan, c’est bien sûr aborder l’urgence. Mais pour Djibouti, l’enjeu va au-delà : il s’agit de renforcer les liens économiques et de s’assurer que la France contribue activement au développement des infrastructures et à la diversification de l’économie locale. Ainsi, Emmanuel Macron devra démontrer que Paris peut offrir une alternative viable, tout en respectant la souveraineté de ses partenaires.
En outre , cette visite s’inscrit dans une reconfiguration plus large de la stratégie africaine de la France. Depuis son arrivée au pouvoir, Emmanuel Macron a multiplié les gestes de rupture, visant à redéfinir les relations entre Paris et le continent sur la base d’un respect mutuel. Mais dans une région où d’autres puissances s’imposent par des investissements massifs ou des politiques pragmatiques, le défi pour la France est immense.
Pour Djibouti, l’enjeu est tout aussi crucial. Si le pays se félicite d’une stabilité relative dans une région souvent troublée, il reste exposé à des pressions extérieures et aux turbulences économiques. Maintenir un équilibre entre ses différents partenaires, tout en consolidant son rôle stratégique, est une priorité pour Ismaïl Omar Guelleh.
En fin de compte, cette visite est moins un aboutissement qu’un début : celui d’un dialogue renouvelé entre la France et Djibouti, avec en toile de fond les défis communs de la sécurité, du commerce et du développement. Les discussions à Djibouti, et plus tard en Éthiopie, dessineront les contours d’une nouvelle approche française dans la Corne de l’Afrique. Reste à savoir si ces ambitions seront à la hauteur des attentes locales et des réalités d’un monde dans une turbulence multidimensionnelle .
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